1978 : le CEMEF embauche sa première “thésarde”

Marie-Claire Estivalet intègre le CEMEF et devient la première doctorante du labo. C’était en 1978.

Il y avait alors très peu de filles dans les écoles d’ingénieurs et encore moins dans l’industrie lourde, avec laquelle le CEMEF avait vocation à travailler et qui formait à la recherche ses futurs cadres. Embaucher Marie-Claire Estivalet pour travailler sur le laminage de l’acier en liaison avec la sidérurgie française n’était pas anodin dans ce contexte.

1982 : elle soutient sa thèse et devient la première femme à obtenir le titre de docteur au CEMEF.

Mais revenons à 1978 :

Diplômée de l’INSA, Marie-Claire intègre le CEMEF pour faire une thèse de Docteur-Ingénieur en Propriétés Mécaniques des Matériaux, sous la direction de Jean-Loup Chenot au sein du Groupe Thermo-Mécanique et Plasticité (TMP). Elle travaillera sur la « Modélisation théorique et expérimentale de l’évolution géométrique des produits au cours du laminage à chaud ». Son projet s’inscrit clairement dans les grands axes définis par Pierre Baqué, Directeur à la création du CEMEF : étudier la façon dont la matière s’écoule dans les procédés, en prenant en compte l’interaction avec les outils.

Il s’agira de développer une modélisation permettant de prédire la forme des produits laminés, en liaison avec deux problèmes industriels :

  • en régime continu, l’élargissement du produit. Il peut être contenu par des cylindres verticaux appelés « edgers », mais le risque est alors de créer des surépaisseurs conduisant à un profil en os de chien, qu’il faut maîtriser pour éviter des défauts de fabrication ultérieurs ;
  • en régime transitoire, des repliements de matière aux extrémités du produit, lors de l’introduction entre les cylindres.

Ces phénomènes affectant défavorablement la « mise au mille » (quantité de matière nécessaire à l’obtention de 1000 kg de produit final), en générant des chutes.

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Cette étude est représentative des travaux menées alors par le groupe. Elle combine :

  • une simulation numérique, fondée sur la méthode de la borne supérieure, populaire à l’époque, mais peu employée pour prédire la forme finale des produits ;
  • une simulation physique dans laquelle les écoulements de métal chaud sont simulés à l’aide de pâte à modeler (plasticine). La visualisation des écoulements se fait en préparant des échantillons formés par l’empilement de couches de plasticine de différentes couleurs, qui sont laminés dans le laminoir pilote Scala du CEMEF (Cf. photo).

Les résultats étaient soumis aux industriels, et comparés à la réalité physique, en vue d’arriver à optimiser les résultats sur les produits fabriqués.

Embaucher Marie-Claire sur un sujet en relation étroite avec l’industrie lourde avait suscité à l’origine quelques interrogations quant à son insertion professionnelle future dans ce milieu. Ces craintes se sont révélées infondées.

Après sa thèse, elle est entrée « tout naturellement » dans l’industrie métallurgique, où elle a effectué toute sa carrière. Toujours fidèle au laminage, elle a travaillé au début à l’IRSID (Institut de Recherches de la Sidérurgie Française, Maizières-lès-Metz) au sein du Département LAMEF (Laminage et Mise en Forme).
Après dix ans de R&D, elle a glissé vers les usines, et la métallurgie qualité, pour se retrouver… en R&D à nouveau. Aujourd’hui, Marie-Claire Estivalet dirige le centre de recherche et de développement de Gandrange d’Arcelor Mittal, spécialiste du développement de produits acier barres et fils. A ce titre, elle était interviewée en novembre dernier par le Républicain Lorrain au sujet d’un projet futuriste, première mondiale : la conception d’une passerelle d’acier par impression 3D. Le centre de Gandrange a deux ans pour montrer que son acier est adapté à cette nouvelle évolution technologique. Un défi qui ne peut que plaire à Marie-Claire.

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Il nous reste à révéler l’anecdote pour la petite histoire : Marie-Claire, originaire du Jura, organisait des commandes groupées de Comté et autres excellentes spécialités jurassiennes pendant tout son séjour au CEMEF. Quand elle a quitté le labo pour la grande industrie, il a fallu trouver un remplaçant…

Marie-Claire quitte le CEMEF en septembre 1981 et soutient sa thèse le 30 avril 1982.

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