DEA et Doctorat, ça forme !

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Qu’un centre de recherche dont la vocation est la formation à la recherche et par la recherche accueille des doctorants pour qu’ils préparent une thèse, c’est normal ! Que l’école à laquelle il appartient puisse délivrer le diplôme de docteur semble logique ! L’histoire montre que les choses ne sont jamais aussi simples qu’il y paraît.

Voici le parcours sinueux de la formation doctorale au CEMEF. Ce qui ne l’a pas empêché de superviser des thèses. Depuis 40 ans, c’est près de 480 thèses qui ont été soutenues !


les débuts

Si vous suivez le blog depuis son lancement, vous avez lu comment le CEMEF est né (billets de Jean-Marc Haudin ou de Pierre Baqué). Sinon voici un bref résumé : Le CEMEF est né de la fusion du groupe Mise en Forme des Métaux (Responsable Pierre Baqué), du groupe Polymères (Responsable Pierre Avenas) et du Laboratoire de Métallurgie de l’Ecole des Mines de Paris.

Préparer une thèse allait de soi au Laboratoire de Métallurgie. Ce n’était pas le cas pour les équipes de Pierre Baqué et Pierre Avenas. Leur pratique était originale à l’époque par rapport aux équipes universitaires. Elles traitaient des problèmes industriels par le biais de contrats de recherche, rédigeaient des rapports sur leurs travaux et organisaient des séminaires de formation débouchant sur l’écriture de livres (lire les blogs sur les premiers livres parus sur les métaux et sur les polymères), Avec la création du CEMEF, l’idée a fait son chemin et il a été décidé que les chercheurs présenteraient leurs travaux sous la forme d’une thèse de doctorat.

Au début, l’Ecole des Mines de Paris n’ayant pas l’autorisation de délivrer de doctorat, il a fallu trouver des collègues universitaires qui acceptent d’inscrire nos étudiants dans leur institution en apparaissant comme le directeur de thèse. C’est ainsi que des thèses de Docteur-Ingénieur ont été soutenues entre 1976 et 1979 auprès d’établissements aussi divers que l’Université de Technologie de Compiègne, l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, l’Université de Poitiers, l’Université de Bretagne Occidentale, etc. Solution pratique mais quelque peu inconfortable pour ceux qui encadraient les thésards au CEMEF.

Puis une solution plus satisfaisante fut de rattacher les doctorants à un cycle doctoral dans lequel intervenait l’ENSMP (Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris). Ainsi nous pouvions délivrer nos propres thèses de Docteur-Ingénieur et avoir accès à un DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies), diplôme préparatoire à la thèse.


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histoire du D.E.A.

A la rentrée 1976, des séminaires internes sur les métaux et les polymères ont été organisés. En cours d’année scolaire 76-77, ils furent transformés en enseignement de DEA auquel de nouveaux cours et la soutenance d’une « microthèse » furent ajoutés. Il devenait ainsi l’option Mise en Forme des Matériaux d’un DEA de l’Université Paris-Sud Orsay, dont le nom a fluctué :

  • Propriétés Mécaniques des Matériaux (de 1976-77 à 1979-80)
  • Métallurgie Structurale et Matériaux (de 1980-81 à 1982-83)
  • Métallurgie (1983-84, 1984-85)
  • Métallurgie Spéciale et Matériaux (1985-86 à 1992-93)

le Centre des Matériaux de l’Ecole des Mines servant de relais pour justifier notre rattachement.

Quand Pierre Avenas a quitté le CEMEF en 1979, la coordination des cours est passée à Jean-Loup Chenot et Frank Montheillet (jusqu’en 1982), puis à Jean-Loup Chenot et François Delamare, et enfin à François Delamare seul. Ce DEA a fonctionné à la satisfaction générale jusqu’en 1992-93. A ses débuts, il accueillait peu d’étudiants (4-7), puis dès 1983, le nombre s’est stabilisé entre 10-13. Le système était assez rigoureux. Sauf cas exceptionnel, les étudiants déjà titulaires d’un DEA étaient obligés de repasser « notre » DEA pour acquérir la « culture CEMEF ». Cela pouvait nous attirer des critiques de collègues universitaires.

Même si le système marchait à la perfection ; l’existence de cette option délocalisée, et en fait autonome ; finit par susciter des interrogations, une autre solution, cette fois locale, devait être trouvée. C’est ainsi que fut monté le DEA Physique et Génie des Matériaux, sous la responsabilité de François Delamare et en collaboration avec l’Université de Nice-Sophia Antipolis (UNSA). Ce DEA a existé de 1993-94 à 2003-04 (fin des DEA), avec une population de 10-15 étudiants par an.

Avec ce nouveau DEA, la pratique change. Alors que l’option du DEA parisien avait été montée spécifiquement pour nos étudiants, ce DEA fut ouvert à des étudiants qui ne feraient pas de thèse au CEMEF. De plus, les doctorants n’étaient plus systématiquement inscrits en DEA. Suivant leur cursus antérieur (détention d’un DEA), ils pouvaient être inscrits :

  • directement en première année de thèse et devaient soutenir un mémoire bibliographique et un mémoire d’avancement de leurs travaux,
  • soit le plus souvent en année probatoire. Ils devaient alors valider un certain nombre de cours, soutenir un mémoire bibliographique et un mémoire d’avancement des travaux.

Signalons également qu’à partir de 2001 l’option Mécanique Numérique du DEA Systèmes dynamiques non linéaires et applications (responsable de l’option : Yves Demay), également co-habilité avec l’UNSA, permettait de répondre aux besoins spécifiques des numériciens.

doctorat


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La première thèse de Docteur-Ingénieur de l’ENSMP fut soutenue en 1977 et la seconde en 1979, alors que la majorité des thèses se soutenait encore à l’extérieur. A partir de 1980, la thèse de Docteur-Ingénieur de l’ENMSP devient la règle. Le Doctorat d’Etat nécessite toujours l’inscription auprès d’un établissement extérieur. Mais il concerne essentiellement les cadres du CEMEF, qui étaient généralement astreints à soutenir deux thèses : Docteur-Ingénieur d’abord, Doctorat d’Etat ensuite.

Le doctorat est l’objet d’une réforme profonde en 1984, après laquelle ne subsiste qu’un unique doctorat. L’Ecole des Mines de Paris est autorisée à le décerner - ce qui n’était pas acquis d’avance ! La première « nouvelle thèse » est soutenue au CEMEF en 1985, dans la spécialité « Sciences et Génie des Matériaux ». Cette spécialité sera gérée au niveau du CEMEF par François Delamare jusqu’en 2003, puis par Jean-Marc Haudin de 2003 à 2014.

En 2000, apparaît, sous l’impulsion de Jean-Loup Chenot, la spécialité doctorale « Mécanique Numérique ». Elle sera dirigée de 2003 à 2014 par Thierry Coupez.

En 2014, on assiste à la fusion des deux spécialités « Sciences et Génie des Matériaux » et «Mécanique numérique » en une seule : « Mécanique numérique et Matériaux », sous la responsabilité de François Bay. Tous les nouveaux doctorants du CEMEF sont inscrits dans cette spécialité.

A partir de 2010, le Doctorat est délivré sous le sceau de ParisTech, dans le but d’accroître la visibilité au niveau international. Et depuis le 1er janvier 2016, le diplôme délivré est un doctorat de PSL (Université de recherche Paris Sciences et Lettres) préparé à MINES ParisTech.

Enfin, dernière strate administrative : l’Ecole Doctorale. En 1992, un arrêté crée les écoles doctorales, dont l’importance va se renforcer au fil des textes réglementaires. Ainsi, selon l’arrêté de 2006 : « Les écoles doctorales organisent la formation des docteurs et les préparent à leur insertion professionnelle. Elles apportent aux doctorants une culture pluridisciplinaire dans le cadre d’un projet scientifique cohérent. Elles concourent à la mise en cohérence et à la visibilité internationale de l’offre de formation doctorale des établissements ainsi qu’à la structuration des sites. ». Les spécialités doctorales de l’Ecole des Mines de Paris devaient donc s’intégrer dans des écoles doctorales (ED). Le CEMEF joua encore la carte locale avec l’Ecole Doctorale Sciences Fondamentales Appliquées, pour laquelle elle fut co-accréditée avec l’Université de Nice Sophia Antipolis. A partir de 2004, l’appartenance à cette ED sera explicitement mentionnée sur la couverture de thèse.

quelques mots en guise de conclusion


Au-delà de toutes les vicissitudes administratives, l’Ecole des Mines de Paris a pu assurer sa mission de formation par la recherche, et valoriser les résultats de ses chercheurs sous la forme de thèses de Doctorat.


Au CEMEF depuis sa création, le nombre de thèses soutenues approche 480.




Dea_doctorat_couv1.jpg Thèse de Docteur-Ingénieur de l’ENSMP (1982)

Dea_doctorat_couv2.jpg La première thèse de Doctorat en Sciences et Génie des Matériaux (1985)

Dea_doctorat_couv3.jpg L’une des dernières thèses de Doctorat en Sciences et Génie des Matériaux (2015) décernée par l’ENSMP sous le sceau de ParisTech, avec mention de l’Ecole Doctorale. Il s’agit d’une thèse préparée à l’Ecole des Mines d’Alès, et « hébergée administrativement » par le CEMEF. Summum de la complexité ? En tout cas la thèse a été soutenue


Numerical Modelling of Macrosegregation Formed During Solidifica Le présent : la thèse PSL préparée à MINES Paris Tech


Billet de blog rédigé par Jean-Marc Haudin

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